Comment préparer et réussir ses tisanes, chaudes ou froides ?

Comment préparer et réussir ses tisanes, chaudes ou froides ?

 

Le terme “tisane” fait référence à plusieurs types de breuvages dont les principes actifs des plantes ont été extraits dans l’eau. Cela peut se faire par infusion, macération ou décoction. Chaque méthode d’extraction libère des principes actifs particuliers.
Dans chacun des cas, on veillera à choisir des plantes de belle qualité, idéalement locales et biologiques afin d’éviter que des agents chimiques ou pesticides ne se retrouvent dans nos tasses. De plus, les plantes séchées perdent leurs propriétés entre 1 à 2 ans après la récolte. Il est donc recommandé de veiller à ce que la date de péremption ne soit pas dépassée et de bien les conserver dans un endroit sec, à l’abri de la lumière et de la chaleur.

INFUSION

Pour l’infusion, on utilise majoritairement les parties les plus fines des plantes séchées que sont les feuilles, les fleurs, les sommités fleuries, parfois les tiges, voire même, toutes les parties aériennes (tout ce qui dépasse du sol).


Nous n’avons pas besoin de grand chose pour réussir une infusion, juste d’une bouilloire ou d’une casserole pour faire bouillir de l’eau claire et filtrée, d’un contenant sans plastique, idéalement en céramique ou en verre (tasse, théière, pot Mason), d’un couvercle adapté ou d’une petite assiette qui fera très bien l’affaire ainsi que d’un filtre de type boule à thé, tamis en inox, bambou ou encore sachet en coton réutilisable.

De manière générale on va mesurer une cuillère à thé de plantes séchées par 250 ml d’eau mais cela peut varier selon les plantes. Le principe étant de toujours commencer petit et d’augmenter au fur et à mesure selon ses besoins et ses ressentis. Il est important de garder en mémoire que ce n’est pas parce que l’on va mettre plus de plantes que ça sera plus efficace. Au contraire, cela peut devenir challengeant pour le corps de tout assimiler d’un coup s’il n’en a pas l’habitude.

On infuse entre 8 à 30 minutes selon les principes actifs que l’on souhaite extraire. Pour les plantes aromatiques riches en huiles essentielles (Mélisse, Basilic sacré, Thym, comme dans les tisanes 3e Trimestre, Séréni-thé, Ça y est presque…) on privilégie des infusions courtes puisque les essences aromatiques étant très volatiles risquent de se fragiliser voir de se perdre. Idéalement on va couvrir pour éviter qu’elles ne se propagent ailleurs que dans notre tasse.

Pour les plantes plus nutritives (ortie et avoine) on va laisser le temps d’infusion s’allonger jusqu’à 12 ou 20 minutes. Attention toutefois à vérifier que le goût vous convienne car certaines plantes nutritives, comme le framboisier, peuvent dégager des tanins sur une infusion longue et ainsi devenir déplaisant. Donc on reprend l’idée de commencer en douceur et d’adapter progressivement selon nos désirs et nos goûts. Une tisane doit rester un minimum agréable à boire et à savourer.

Ainsi, on verse les herbes séchées dans le filtre que l’on dépose dans notre contenant, on verse l’eau bouillante dessus, on couvre et on laisse infuser le temps recommandé. Par la suite, on retire le filtre et on déguste tranquillement sa tisane le temps qu’elle refroidisse un peu. On peut répéter ce rituel de soin 3 fois par jour pour que les effets soient bien ressentis et assimilés par le corps.

INFUSION FROIDE OU DITE “MACÉRATION”

Il est possible de faire nos infusions à froid pour plusieurs raisons. La première, pour le goût et la fraîcheur qu’elle peut apporter en été (ou toute saison si c’est ce qui vous plaît). On peut y ajouter des fruits, d’autres plantes aromatiques fraîches pour réhausser le goût. Un soupçon de Mélisse fraîchement coupée et cisaillée ajoutée dans un pichet de notre tisane Séréni-thé est un incontournable avec quelques fruits de votre choix.

Mais plus important encore, la macération à froid peut permettre d’extraire des principes actifs qui seraient détruits à l’eau chaude, comme les mucilages par exemple, les vitamines B et C, les enzymes et autres.


Ici on va donc faire macérer les plantes durant plusieurs heures. Je recommande de préparer un pichet que l’on peut couvrir pour la nuit à température de la pièce. On va toujours penser à 1 cuillère à thé pour 250 ml. Donc pour un pichet de 750 ml, ce qui nous ferait nos trois tasses par jour, nous aurions à y verser 3 cuillères à thé de plantes séchées. On peut conserver cette infusion au frais pour la journée seulement, donc il est important de bien vérifier la quantité dont on a besoin pour éviter d’en manquer ou d’en gaspiller.

C’est une très belle alternative si vous n’êtes pas friands de boissons chaudes quand il fait déjà chaud dehors et cela reste aussi un excellent moyen de rester hydraté.

DÉCOCTIONPour la décoction on utilise les parties les plus robustes des plantes séchées comme les racines, les écorces, les baies, les graines et les champignons. On va directement mettre les plantes dans un chaudron que l’on va amener à ébullition et laisser macérer à feu doux durant plusieurs minutes. On va donc aller chercher les composants issus des parties plus coriaces des plantes.

Ici on doublera la quantité de plantes séchées à mettre dans l’eau (il s’agit d’une des multiples façons de faire et il est toujours possible d’ajuster selon le résultat que l’on souhaite). Donc environ 40 ml de plantes, soit environ 4 cuillères à soupe pour 1 litre d’eau que l’on amène à ébullition à couvert pour ensuite réduire le feu et laisser mijoter entre 5 et 30 minutes selon la robustesse de la plante. Laisser mijoter 10 minutes est un bon entre-deux, surtout si on souhaite boire notre décoction en tisane. Sans quoi, elle risque d’être un peu forte au goût. On filtre en versant dans un contenant ou directement tasse par tasse.

* Quelques exceptions s’appliquent pour certaines plantes propices à la décoction mais riches en huiles essentielles. On ne fera pas de décoction (ou vraiment très courte) mais davantage une infusion longue. On pense particulièrement à la racine de gingembre et aux graines de fenouil qui font partie de nos tisanes 1er trimestre et allaitement. Lorsqu’on utilise une partie plus dure d’une plante mais que certaines de ses propriétés disparaissent en décoction, on peut aussi la broyer ou la réduire en poudre pour en faire une infusion.

Les tisanes sont faites pour être consommées dans la foulée, mais n’oubliez pas qu’elles peuvent également servir à plein d’autres choses, notamment à apporter un petit plus dans vos bains ou bains de siège comme notre mélange d’herbe post-accouchement, eaux de rinçages et lotions capillaires ou encore en tonique pour le visage. Il est juste important de se rappeler que la conservation est d’une journée maximum, même si elle est entreposée au frais.

Texte écrit par Jessica Balibrea, étudiante en herboristerie

Références:

The herbal medicine-maker’s handbook – A home manual, James Green, Crossing Press

Transformations médicinales et tenue d’un dispensaire, Herbothèque

Healing herbal infusions, Colleen Codekas, Page Street